Point sur la rentrée scolaire à Ivry

Publié le

Intervention de Sandrine Bernard relative au point d'information sur la rentrée 2009
Conseil municipal du 24 septembre 2009

Comme chaque année, ce conseil de septembre est l'occasion de faire le point sur la rentrée scolaire.

 

Dans un climat surtout dominé par le risque de pandémie grippale, 5329 élèves et 226 enseignants ont fait leur rentrée le jeudi 3 octobre dernier à Ivry dans les écoles primaires, auxquels s'ajoutent 1893 collégiens et ... lycéens.

 

Dans l'ensemble, cette rentrée s'est effectuée dans la bonne humeur : les écoles, les classes, les mobiliers, les fournitures étaient en place, les travaux finis. Tout le monde était au rendez-vous pour cette nouvelle année scolaire, les enfants impatients et nerveux, tout comme leurs enseignants découvrant la classe devant laquelle ils vont enseigner pendant un an ou encore les personnels municipaux qui eux aussi vont contribuer à la scolarité des élèves au sein de chaque école.

 

Un mouvement social a eu certes lieu au sein du service Restauration Intendance scolaire, entraînant l’absence d’agents sur la ville. Tout été mis en œuvre pour que ce mouvement n’ait pas d’incidence forte sur la reprise. Quelques écoles se sont vues servir des repas froids. Les revendications à l’origine de ce mouvement ont été prises en charge en interne à la ville et ont conduit à la mise en place des groupes de travail afin de mener les réflexions qui seront nécessaires.

 

En ce qui concerne la grippe H1N1, la municipalité avait prévu dès le mois d'aout des directives particulières en vue de lutter efficacement contre sa propagation. Les quelques jours qui suivirent la rentrée purent nous permettre de préciser et d’adapter avec les directions d'écoles les mesures choisies. Nous n'avons à ce jour pas eu de fermeture de classe sur ce motif dans notre ville malgré quelques cas recensés.

 

Parmi les constats pour cette rentrée 2009-2010, une fois encore, les effectifs viennent confirmer l’évolution démographique de notre ville, et sont donc en hausse par rapport à l'année précédente (244 élèves supplémentaires). Tendance qui va se poursuivre selon nos prévisions dans les années à venir. Nos programmations d'équipements scolaires tiennent compte évidemment de ces données et vont nous conduire à construire ou agrandir nos écoles régulièrement au cours de ce mandat et des suivants.

 

Vous avez pu lire dans ce rapport que nous serons sans doute amenés à augmenter le temps de l’interclasse, c'est-à-dire à modifier les horaires scolaires, pour continuer à accueillir les enfants inscrits à la restauration scolaire dans de bonnes conditions sans rogner sur leur temps scolaire déjà bien réduit. Cette question, qui relèvera bien sûr, si elle se confirme, d’une délibération en Conseil municipal, fera l’objet de concertations à l’automne auprès des familles et des enseignants, concertations que je mènerai avec mes collègues Jacqueline Spiro et Patricia Bendiaf.

 

En raison de cette augmentation d’effectifs, un certain nombre d'ouvertures de classes sont à enregistrer, en maternelle, comme en élémentaire :

-          deux en maternelle pour 83 élèves supplémentaires, ce qui est en réalité peu (à Thorez et à Rousseau)

-           3 en élémentaires pour 161 élèves supplémentaires (en réalité 5 ouvertures à Joliot-Curie, Barbusse, Thorez, Moquet et Solomon et 2 fermetures à Langevin et Dulcie September)

Pour l’ensemble de ces ouvertures, les mesures nécessaires ont été prises (mobilier, Atsem, ...).

J’insiste surtout sur l’ouverture obtenue à Guy Moquet grâce au maintien pour une année de l’application à l’école élémentaire des critères ZEP. Cette tolérance relative, uniquement pour l’élémentaire, obtenue après mobilisation des familles et des enseignants, avec le soutien de la ville, nécessitera toute notre attention, si l’ on veut qu’elle soit pérennisée voire étendue à la maternelle.

 

Quelques mots sur les dérogations, dont la mise en œuvre a intégré les critères revisités au conseil de mars 2009. Un bilan sera réalisé en début d’année en vue de la rentrée suivante. 159 accords ont été donnés sur 194 demandes traitées, dont une dizaine de cas passés en commission de recours. Les nouvelles modalités donnent satisfaction au collectif composé, je le rappelle, de directions d’écoles et de parents. Cette année n’a pas donné lieu à des situations de blocage comme l’année passée. J’en profite pour rappeler notre attachement au respect de la carte scolaire et de la mixité sociale, ce qui nous conduit à être très strict dans l’application de ces critères.

 

 

Le regard sur la rentrée à Ivry ne doit pas nous empêcher de nous attarder sur le contexte national, qui a des incidences directes sur nos écoles. A côté des craintes, colères, mobilisations de la rentrée dernière, provoquées par des réformes assénées les unes sur les autres sans concertation ni cohérence, nous pourrions presque nous féliciter des bonnes conditions dans lesquelles s’est déroulée cette rentrée!

Mais mes chers collègue, ce calme n'est bien sûr qu'apparent. Si notre nouveau Ministre Luc Chatel n'a pas souhaité, bien conseillé sans doute, faire d'annonces tonitruantes accompagnant sa nomination à ce ministère majeur, il a bien précisé s'inscrire dans la continuité de son prédécesseur et il n'a surtout rien remis en cause ni stoppé de ce qui était engagé.

 

Aussi pouvons-nous, à Ivry comme ailleurs, légitimement nous inquiéter pour l’avenir de l’école.

Nous pouvons d’ores et déjà constater par exemple sur deux aspects, que la politique de régression se poursuit :

            D'une part en ce qui concerne les postes d'enseignants spécialisés du Rased, divisés par deux comme partout, puis renforcés en partie par des postes dits « surnuméraires », finalement non affectés. Quelle différence existe-t-il entre aide spécialisée « sédentarisée » et « surnuméraire » ? Même l’inspection générale de l’éducation nationale dans son rapport sur la réforme de l’enseignement primaire ne semble capable de nous l’expliquer. Quoi qu’il en soit le maintien de ces postes nous semble bien compromis pour l’avenir et sans ces affectation les professionnels en place en cette rentrée à Ivry devront se partager en étant moins nombreux un champ d’intervention qui augmente, ce qui laissera nécessairement des enfants de coté.

            D'autre part en ce qui concerne la scolarisation des enfants de deux ans ; celle-ci continue de perdre du terrain, puisqu’il n’y a plus d’ouverture de classes pour ces enfants, même issus de territoires prioritaires. Tous les enfants ZEP de 2007 ont pu être accueillis à Ivry, mais pas forcément dans leur école de secteur. Et les autres se sont vus refuser l'inscription scolaire. Au total, 127 enfants nés en 2007 ont donc pu être scolarisés et 79 sont en attente.

 

Nous sommes très préoccupés par ces évolutions qui viennent renforcer nos préoccupations sur l’avenir de l’école maternelle. L'accueil des tous petits, au lieu d'être rejeté sur le dos des communes, dans notre société inégalitaire et de reproduction sociale, devrait être une priorité nationale.

De la même manière, pour un Gouvernement qui se targue de lutter contre l'échec scolaire, il est invraisemblable d’envisager supprimer l'aide spécialisée, professionnelle, complète, apportée par les différents personnels du Rased sur le temps scolaire. C'est le sacrifice programmé de générations d'enfants qui, ne bénéficiant pas des mêmes chances que d'autres, seront jetées en pâture, sans doute pour servir de main d'œuvre bon marché.

 

 

Bien sûr, les 13.500 suppressions de poste sont maintenues et sont appelées à se poursuivre, puisque 16.000 autres sont programmées. Comment offrir le même enseignement à une génération d'enfant toujours plus nombreuse, en faisant ainsi des coupes sèches dans les moyens humains et budgétaires ?  L’augmentation des effectifs et les ouvertures de classe qui en découlent ne doivent masquer la réalité des conséquences de cette politique, à Ivry comme ailleurs. La moyenne des élèves par classe reste préoccupante, avec des classes allant jusqu’à 27 élèves en élémentaire et 28 élèves en maternelle cette année. Les enseignants seront-ils encore remplacés en cas d'absence ? L’école obligatoire sera-t-elle en mesure d’être assurée partout normalement ? La FCPE a décidé de s’attaquer à cette question en créant un site Internet destiné à recenser l’ensemble des absences non compensées sur le territoire français. Le résultat qui en ressortira risque de nous interpeller !

 

Je pourrais aussi m’étendre sur l'aide individualisée qui reprend sans directives nouvelles. Le principe reste la liberté pédagogique, mais aussi la liberté d'organisation de chaque enseignant, avec des aides qui sont ainsi dispersées le soir, le midi et le matin sans harmonisation par école.

Les quelques retours que nous avons pu en avoir l'année dernière sont mitigés. Ce dispositif remporte un certain succès chez les élèves qui peuvent éprouver un rapport particulier avec leur enseignant et chez les parents qui peuvent être rassurés par une prise en charge personnalisée des difficultés scolaires de leur enfant. Certains enseignants apprécient quant à eux de pouvoir librement développer des modalités pédagogiques plus souples et avec de petits groupes d'enfants.

Mais si certains arguments, comme celui de la stigmatisation, sont tombés, d’autres constats viennent conforter nos préventions contre ce dispositif : l'extension des journées fatigue élèves et enseignants et réduit le temps de dialogue au sein des équipes, mais aussi avec les parents, ou encore les équipes municipales dans l’école. D’autre part, sur le plan des finalités du soutien individualisé, les bilans, s’il en existe, laissent perplexes. Rien n’indique que ce dispositif ait le moindre effet positif sur les apprentissages et le parcours des élèves. Difficiles à mesurer, ces données ne nous ont pas été transmises et semblent ne pas avoir permis d’éviter des redoublements ou autres mauvais résultats. 

Ce n’est pas le principe de l’aide individualisée en tant que tel, mais la réduction du temps scolaire par la suppression du samedi matin et son remplacement par cette construction de bric et de broc qui sont globalement considérés comme des erreurs. Et maintenant, on semble découvrir que les rythmes sont trop lourds et que les dispositifs de soutien et d’accompagnement se superposent ? Est-ce une blague ? Ne l’a-ton pas assez dit ? Sans revenir sur la suppression sur samedi matin, on nous ressort le mercredi matin. Mais ne prend-on pas les élèves pour des cobayes ?  

 

Je pourrais en dire autant sur tout le reste, mais vais faire plus court. Les sujets ne manquent pas pourtant :

ü       Le service minimum ! Les procédures judiciaires reprendront-elles avec cette même ferveur de ne jamais regarder derrière soit le coût et les conséquences de ses actes? Et qu'adviendra-t-il des enseignants réfractaires qui voient leurs salaires amputés?

ü       La formation des maîtres? Avec quelle consultation et quelle prise en compte des acteurs éducatifs multiples? Et quelles conditions de travail pour ces personnels? Qu'adviendra-t-il des AVS, assistants de vie scolaire chargés des enfants présentant des handicaps?

ü       La réforme des lycées?

ü       Les programmes, les évaluations…

ü       La carte scolaire? Allons-nous vers de nouvelles dérégulations alors que la mixité sociale reste l'un des outils techniques dont disposent les communes pour empêcher que la ségrégation territoriale ne se transforme en ségrégation scolaire?

 

Je ne vais pas citer tous les points de vigilance qui sont les nôtres. C’est notre conception du service public de l’éducation qui est en jeu, et la défense d’une école de qualité qui ne conduise pas toujours plus de familles à se retourner vers des établissements privés. Mais je n’aborderai pas sur ce point le débat suivant.

Il est évident que la contestation n'est pas terminée. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai souhaité réunir syndicats enseignants et fédérations de parents d'élèves au cours des jours à venir et que nous organiserons, en la présence de Monsieur le Maire, le 20 octobre prochain, une table ronde ouverte à tous sur les réformes de l'éducation nationale et leurs incidences à Ivry.

 

Ce désengagement progressif de l’Etat ne s’accompagne pas, fort heureusement, d’un désengagement des collectivités dans le domaine éducatif.

 

A Ivry, l’éducation est et restera l’un des budgets les plus importants de la commune : plus de 200.000 Euros sont distribués aux écoles sous forme de moyens pédagogiques, plus de 400.000 Euros pour emmener chaque enfant de CM2 en classes de pleine nature, 41.000 Euros pour financer les projets des écoles, 1750 heures de vacations d’enseignants pour les études, sans compter la mobilisation de l'ensemble des services et moyens municipaux pour les événements et sorties, des équipements culturels et sportifs pour accompagner le parcours éducatif des jeunes ivryens, ainsi que l'ensemble des activités péri- et extrascolaires dont tous les enfants peuvent bénéficier à des prix très incitatifs, tenant compte du quotient familial (restauration, accueil du soir, du matin, du mercredi, des vacances scolaires).

 

D’ailleurs, pour rendre plus lisibles l’ensemble de nos actions communales et les mettre en cohérence avec celles des institutions, associations et acteurs interagissant au service de la réussite des enfants et des jeunes ivryens, la Ville a décidé de s’engager dans l’élaboration d’un projet éducatif local. Je voulais mettre l’accent sur ce chantier avant de conclure. Parce que l’éducation est l’affaire de tous et que dans le contexte actuel nous pouvons la considérer comme un enjeu central des politiques publiques, le champ des actions éducatives dans notre ville mérite d’être précisé et renforcé, dans une démarche associant l’ensemble des personnes concernées. C’est pourquoi nous avons l’intention d’ouvrir une grande phase de concertation et de partage, destinée à fixer collectivement les grandes priorités de notre territoire pour répondre à l’enjeu suivant : « favoriser le développement et l’épanouissement des enfants et des jeunes, en les accompagnant dans leur parcours individuel, et en leur permettant de s’impliquer collectivement comme acteurs de la société d’aujourd’hui et de demain ».

Cette phase d’élaboration partagée s’ouvrira le 5 décembre 2009 lors d’une journée de débat autour de grande questions éducatives, comme la recherche du bien-être physique et mental des enfants et des jeunes, la définition d’un parcours éducatif global, la question de la réussite pour tous ou encore la socialisation et l’apprentissage de la citoyenneté.

 

Je ne m’étendrai pas davantage ce soir, afin de laisser la place au débat et suis bien sûr à votre disposition pour préciser points qui vous paraîtront devoir l’être.

Je vous remercie de votre attention et laisse la parole à David qui va nous faire un point sur la rentrée dans les collèges et Lycées.
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